pour examiner le mystérieux billet ; mais la curiosité fut déçue. Sur ce papier soyeux il y avait seulement quelques numéros écrits l’un au-dessous de l’autre, et une date qui se trouvait être la date du jour même.
Cette découverte parut pourtant faire réfléchir les per sonnes présentes.
— L’oiseau qu’a tué Morisset, reprit enfin l’inspecteur, est certainement un de ces pigeons messagers comme certaines gens en emploient, dit-on ; mais d’où vient celui-ci ? où va-t-il ? De quel message est-il chargé ? Il n’est pas facile de le deviner.
— Il s’agit de menées politiques sans doute, dit Raymond d’un air pensif.
— Ou d’affaires de bourse ? répliqua Vincent.
— Pourquoi pas d’une correspondance d’amoureux ? ajouta la petite Lucile en rougissant.
Comme l’on cherchait le mot de cette énigme, Morisset reprit avec son sourire narquois :
— Quant à moi, monsieur l’inspecteur, j’ai entendu conter qu’il y avait de ces oiseaux-là qui faisaient concurrence au télégraphe ; et, lorsqu’on est dans une partie, ça vous met en colère, la concurrence.
— Eh ! Morisset pourrait avoir raison, reprit Vincent d’un air soucieux ; depuis quelque temps on parle de bénéfices énormes qui auraient été faits à la Bourse et à la loterie ; qui sait si des messagers decette espèce n’ont pas joué un rôle dans ces manœuvres ? La date de ce billet prouve qu’il a été écrit aujourd’hui même ; mais ces pigeons parcourent bien du chemin en peu de temps… Morisset, quelle heure était-il exactement lorsque vous avez tué l’oiseau ?
— J’ai eu l’idée de regarder à ma montre, monsieur l’inspecteur, parce que je me suis méfié en voyant le ruban et le papier… Il était tout juste trois heures et demie.