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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

La voix de Raymond, en prononçant ces paroles, avait retrouvé ses intonations fermes et énergiques. Georges hocha la tête ; cependant il répondit d’un ton indifférent :

— Au fait, c’est possible… Il y a des ressemblances si extraordinaires ! Je prendrai des informations en rentrant à Paris. Laissons cela… Aussi bien, ajouta-t-il en se tournant vers Morisset qui tortillait son chapeau d’un air embarrassé, voici un honnête garçon qui paraît être venu dans l’intention de me dire quelque chose… N’est-il pas vrai, Morisset ?

L’employé s’inclina.

— Ce serait bien possible, monsieur notre inspecteur, répliqua-t-il avec un sourire niais et malin à la fois, on sait que vous êtes un finaud, et on cherche à profiter de vous.

— Fort bien ; de quoi s’agit-il ?

Morisset, au lieu de répondre, regarda en haut, puis en bas, puis il se mit à martyriser son grand chapeau.

— Monsieur l’inspecteur, reprit-il enfin, faut que vous me promettiez de ne pas vous moquer de moi… et la compagnie aussi… dans le cas où l’affaire n’en vaudrait pas la peine.

— Je ne me moque jamais… Voyons, mon cher, où vou lez-vous en venir avec tous ces préliminaires ?

— Eh bien ! monsieur, je ne sais si j’ai eu tort ou raison ; mais la chose m’a paru drôle… et j’ai tenu à vous consul ter, vous qui êtes notre chef.

— Merci ; mais venez au fait, morbleu !

Je vous ai donc conté qu’aujourd’hui, après avoir laissé le service à M. Fleuriot, j’étais allé faire un tour dans la lande. Je désirais voir l’endroit où mon pauvre chien a été enterré, et puis on pouvait rencontrer quelque chose… Mais c’était jour de guignon, et je n’ai rien rencontré du tout. Comme je m’en revenais, un oiseau a passé au-dessus