Page:Berthet — La tour du télégraphe, 1870.pdf/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

voici l’heure où je dois accomplir ma tâche quotidienne… Et, de par tous les diables ! ajouta-t-il en voyant le télégraphe de la tour Verte se mouvoir avec rapidité, j’arrive à temps ! Voici des signaux pour moi, et j’ai la certitude que Brandin n’est pas destitué encore.

Il se mit à noter les signaux, suivant son habitude, et toute son attention parut absorbée par ce travail. Au bout de quelques instants, il fit un geste de satisfaction.

— À la bonne heure ! reprit-il ; bourse et loterie, rien n’y manque. Maintenant, je vais aller moi-même au pigeonnier choisir un messager qui ne flâne pas trop en chemin et qui porte au plus vite à Colman les indications attendues.

— Et moi, dit Fanny en se levant, je vais m’occuper de ma toilette.

— N’êtes-vous pas assez charmante déjà ?

— Merci, vicomté… Mais je me sauve, car après vous être élevé si haut, vous ne pourriez que déchoir.

Et elle s’enfuit en riant.

Hector la suivit des yeux, et, aussitôt qu’elle eut disparu, sa physionomie changea tout à coup.

— Méprisable créature ! murmura-t-il ; dure, impitoyable, incapable de comprendre un sentiment généreux !… Mais elle peut faire manquer toutes mes combinaisons et je dois la ménager encore… Quand secouerai-je enfin ce joug insupportable !