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les vierges de syracuse

tordu en cariatides puissantes oscillait entre leurs flancs.

Au son de la flûte qui se faisait plus martiale, Rhénaïa parut à son tour ; Rhénaïa aux sourcils aigus, qui portait l’arc et les flèches de la Déesse. Certes, elle était chaste en sa démarche comme Aréthuse et Cyané, ses modèles, comme les nymphes de l’Etna et les muses Sicélides dont l’ombre seule met en déroute les satyres aux instincts pervers. Pourtant quelque chose de plus audacieux la distinguait de ses compagnes. On eût dit qu’elle avait conscience que l’arc et les flèches qu’elle portait, s’ils appartenaient en propre à la Chasseresse auguste des forêts, étaient aussi l’apanage du cruel enfant de Cypris. Et, sans la moindre flexion de son buste étroit, droite et hiératique dans son peplos, Rhénaïa aux sourcils aigus traversa lentement la foule…

Il n’en restait plus qu’une avant Praxilla, Zénophile dont la poitrine virginale servait de support au livre sacré de la loi. Ses deux mains blanches comme les ailes d’un cygne en retenaient les pages ouvertes, où se lisait d’un côté la loi religieuse et de l’autre la loi civile ; car c’était là précisément ce qu’il fallait rappeler au peuple : qu’un indissoluble lien entre la divinité et la nation maintenait debout l’édifice de la gloire syracusaine, et que la Déesse qui régnait au ciel et dans les enfers était