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les vierges de syracuse

çaient leurs noms : « Voyez celle-ci, la première, elle n’a pas seize ans. C’est Glaucé, la fille de Cythéas ; elle tient dans ses doigts un bouquet de narcisses, comme Perséphoneia quand elle fut surprise par Plouton. »

La vierge passa et sans qu’on eût aperçu rien de son corps ni de son visage, on devinait assez à la légèreté de sa démarche, à quelque chose de naïf encore et de puéril dans la façon dont ses doigts effilés se croisaient aux stipes étroits des narcisses, on devinait sa grande jeunesse, et que tout en elle, en dépit de l’austérité du sacerdoce, devait être resté frais et gracieux comme les premières fleurs du printemps.

Puis parut Démo, aussi brune que la nuit, mais étroitement enveloppée dans ses voiles. Elle avançait avec tant de noblesse et dans un tel sentiment de sa dignité, qu’on ne pouvait s’empêcher d’en être frappé ; et elle portait le flambeau de Perséphone allumé dans ses mains, malgré la clarté du jour. La foule se pressait pour la voir, car sa beauté transperçait l’étamine légère du lin. Des chuchotements couraient : « Celle-là, c’est celle qui a été aimée par le prince Gélon avant de se vouer au culte de la Déesse. Regardez combien elle est fière et imposante ! On croirait voir marcher la divine Artémis elle-même… »

Mais bientôt les yeux quittèrent la vierge brune