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c’était quelque chose de plus de l’hiérophantide qui lui était révélée ; c’était comme une seconde incarnation d’elle-même, un peu de sa chair et de son sang qui pénétrait en lui avec la liqueur subtile des paroles. Jamais il n’avait entendu de voix pareille, aussi suave, aussi céleste et en même temps aussi voluptueusement humaine. Et plus tard, quand toutes les prêtresses avaient mêlé leurs accents, c’était encore la voix de Praxilla qui avait retenti uniquement en lui, comme si dans ce chœur des Vierges, ainsi qu’en une syringe faite de plusieurs roseaux assemblés, une seule bouche, celle de l’hiérophantide, eût fait jaillir l’âme mélodieuse du son.

Maintenant Dorcas au premier rang parmi la foule attendait la sortie des Vierges. Une musique moitié religieuse, moitié guerrière les précédait ; et on les voyait de loin descendre les degrés du temple, une à une, avec leur voile de lin abaissé, et sur le front leur couronne de myrte et de pavots. Comme elles étaient toutes de même taille, sveltes et grandes, et vêtues uniformément d’un péplos blanc à frange argentée, il était impossible de les reconnaître entre elles. Cependant, à mesure qu’elles défilaient, marquant la mesure de leurs pas cadencés, des individus dans la foule, ceux qui familiers avec les fonctions saintes les distinguaient aux emblèmes qu’elles portaient, pronon-