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les vierges de syracuse

Déesse dont le voile fragile venait de tomber. Elle apparaissait revêtue de ses plus magnifiques ornements, le front encerclé d’un diadème de pierreries et la ceinture attachée plus bas que la taille, comme la portaient les vierges. Ses bras seuls et son visage étaient nus ; le reste de son corps se dessinait chastement sous une chlamyde légère ; — et le bronze clair et luisant dans lequel le corps de l’invincible Artémis avait été coulé frémissait comme une chair tiède, dorée par les caresses du soleil. Une de ses mains tenait l’arc au-dessus de sa tête, et l’autre emprisonnait le faisceau pointu des flèches. Agile et forte, elle semblait défier les obstacles, prête aussi bien à s’élancer dans les régions éthérées de l’espace, qu’en la profondeur inconnue des abîmes. Elle ne souriait pas, mais un souffle léger entr’ouvrait ses lèvres. Son nez respirait l’enthousiasme et l’ardeur. Et sur tout son visage baigné de clarté, palpitait la même sève de jeunesse. À ses pieds, en colonnes bleues, où s’enroulaient d’impalpables spirales, la fumée des aromates continuait lentement de monter, et les prêtresses ensemble, de leurs voix unies, rendaient grâces à la Déesse pour son Épiphanie glorieuse et consolatrice.

Puis, soudain, le temple retomba dans les ténèbres ; les grandes formes hautaines des colonnes doriques se drapèrent d’ombre, devinrent de nou-