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les vierges de syracuse

vallées, ses prairies et ses montagnes, et qui répands sur elle les trésors de la germination ; toi qui habites sous terre pendant l’hiver cruel et reparais ensuite à la lumière, révélant ton corps sacré dans les pousses vertes qui nous promettent la moisson ; ô Sita, Simalis, sœur jumelle des blés, entends-moi !

« Entends-moi, Sotéira, Perséphone à la chevelure de ténèbres, funèbre Hécate, Coré libératrice, entends-moi ! Toi qui produis et détruis sans cesse, toi qui seule es la vie et la mort, Perséphone que Plouton ravit des bords bleus de l’Anapos où tu jouais avec la nymphe Cyané pour en faire l’ornement de l’Hadès, maîtresse des Moires aux longs fuseaux, compagne des Euménides invisibles, entends-moi !

« Révèle aujourd’hui à ton peuple la beauté de ton visage ; reine des Enfers, reine de la Terre, reine du Ciel, entends-moi ! »

Praxilla se tut ; et pendant quelques minutes le parfum seul des aromates s’éleva vers la Déesse. On entrevoyait confusément la théorie blanche des Vierges inclinées devant l’autel, et, au-dessus de leur front, l’entablement de la voûte que soutenaient les piliers énormes et doux, imprécis comme des fantômes. Puis tout à coup l’enceinte entière du temple s’illumina ; ce fut un frisson rapide de lumière qui courut partout et prit possession des