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ombre douce y régnait, pareille au crépuscule matinal qui précède l’avènement de la lumière ; entre les hautes colonnes doriques comme à l’ombre d’une forêt peuplée de chênes, les fidèles debout attendaient ; et l’on devinait, dans l’atmosphère imprégnée de pieux désirs, l’ardeur de toute une multitude humaine jetée sur la terre ingrate et aspirant à la vision de la divinité.

La voix de l’hiérophantide s’éleva tout près de l’autel : et avec cette voix suave s’élevèrent aussi les parfums des aromates que faisaient brûler les autres Vierges autour de la statue voilée encore. Praxilla ne chantait point ; elle prononçait lentement les paroles de l’hymne ; c’était une récitation sonore et accentuée, dont chaque mot semblait une perle fine détachée d’un collier précieux. La voix de Praxilla disait :

« Entends-moi, Déesse, vierge qui recèles en toi la lumière, divine Séléné. Séléné qui portes sur ton front les cornes du taureau nocturne, toi qui marches dans l’éther environnée du chœur des étoiles, illuminatrice de la nuit, tour à tour resplendissante ou pleine de tristesse ; ô très pure Hagnée, ô bienheureuse, entends-moi !

« Entends-moi, fille auguste de Déméter, vierge éternellement jeune et éternellement renaissante, sœur jumelle des blés, ô Sita ! Toi à qui Zeus offrit en présent la Sicile tout entière avec ses