Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
les vierges de syracuse

— Et celui-ci ?

— Pas assez gros, pas assez encore !

— Celui-ci ? Celui-ci ?

— Non, non, répondait toujours Orthon. Le roi ne serait pas satisfait ; il m’a donné l’ordre de ne rien épargner pour la beauté du travail, et il veut que ce diadème soit aussi lourd que sa tête le pourra porter.

— Eh bien ! fit Dorcas impatient, choisissez-lui le plus gros et qu’il l’emporte !

Le trésorier, habitué aux fantaisies royales et connaissant le crédit de Dorcas, n’hésita pas. Et Orthon reçut dans ses bras le lingot énorme et pesant. Il resta une seconde, les yeux fermés, les narines ouvertes, jouissant voluptueusement de cet or ; puis, relevant son manteau, il l’emmaillota dans les plis de l’étoffe et partit avec, sans plus rien regarder autour de lui.

Le voyant s’en aller ainsi, Dorcas et Théophraste se prirent à sourire.

— Il s’enfuit comme un voleur, dit Dorcas.

— Êtes-vous sûr qu’il n’en soit pas un ? fit le trésorier. Je m’étonne toujours que le roi Hiéron lui accorde tant de confiance.

— Le roi l’apprécie à cause de son adresse, repartit Dorcas ; il est certain qu’il n’y en a pas deux comme lui pour ciseler une coupe ou tailler un camée dans la pierre dure.