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les vierges de syracuse

construire une hôtellerie où tout venant trouvait la plus magnifique hospitalité, n’était rien en comparaison de ce que possédait le roi Hiéron. Des perles, dont la plus petite valait une province, remplissaient l’espace d’une chambre entière. Des blocs des matières les plus rares, depuis l’ambre pâle jusqu’à la cornaline empourprée, des pierres précieuses, encore dans leur gangue, améthystes, béryls, rubis et topazes, formaient des tas à remuer à la pelle. Dorcas se dirigea dans l’emplacement où étaient réunis les lingots d’or. L’orfèvre, auprès de lui, regardait tout avec avidité, s’emplissait les yeux de ces splendeurs, comme s’il eût dû en rester quelques fragments attachés au bulbe terreux de ses prunelles. Toujours il avait aimé l’or d’une passion invincible et sensuelle, et c’était cette passion qui l’avait poussé à se faire orfèvre, afin de s’identifier davantage à l’objet de son amour, et, n’en pouvant avoir assez pour satisfaire ses désirs, s’enivrer du moins d’une possession éphémère.

Cependant Dorcas avait fait signe au trésorier Théophraste de déplacer un des lingots rangés contre la muraille.

— Celui-là vous convient-il ?

— Non, par Hermès ! répondit l’orfèvre ; il n’est pas assez gros. Jamais je n’y pourrai tailler la couronne.

Dorcas en avisa un autre :