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les vierges de syracuse

divinité. Mais combien il désirait la revoir ! La seule pensée qu’elle pouvait traverser l’une de ces galeries, et qu’il l’apercevrait au passage, lui faisait battre le cœur aussi violemment que s’il eût éprouvé avec une autre femme les transports les plus impétueux de l’amour. Et l’amour même lui paraissait fade et illusoire à côté de ce rêve merveilleux de son esprit ; et la tendresse même de Fanie, petite flamme, petite lumière, s’amoindrissait, comme la lueur d’un feu follet en face de la grande clarté divine du soleil.

Pourtant, il avait beau parcourir les rues de la cité souterraine, Praxilla n’y apparaissait point ; Dorcas attribuait à la présence des ouvriers l’abstention de l’hiérophantide. Il ignorait que le temps était proche où les Vierges allaient célébrer l’Épiphanie de la Déesse, revenue sur la terre avec le printemps et sortie enfin de sa demeure de ténèbres. Maintenant c’était dans l’enceinte du temple d’Ortygie, ou sous le clair portique de la fontaine Aréthuse, que les rites saints se déroulaient. Perséphone, à la sombre chevelure, était transformée en la brillante Artémis au visage radieux ; et sous ses pas les campagnes s’émaillaient de fleurs vermeilles, et la nature, renaissant à la vie, tressaillait comme un enfant prêt à rompre le sein de sa mère.

Dès lors, que faisait Dorcas dans la ville muette entre les tombeaux ? Si anciennes étaient les sépul-