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les vierges de syracuse

daient même qu’elle avait été créée antérieurement encore par des théosophes venus d’Égypte, qui avaient renouvelé là les architectures imposantes de leurs hypogées, et déposé dans des compartiments, le long des murailles, les restes vénérés de leurs morts. Quoi qu’il en soit, la cité funéraire s’alignait, vaste et silencieuse, avec ses ruelles et ses places, ses carrefours baignés d’une lumière blanche et ses autels creusés dans la pierre où, certains jours de l’année, s’accomplissaient les rites secrets du culte de Perséphone.

Dorcas, à s’y promener, trouvait une joie abondante et particulièrement aiguë. Là, plus que partout ailleurs, il se sentait rapproché de Praxilla, et à chaque instant il lui semblait que la haute silhouette de l’hiérophantide allait apparaître à ses regards. La Vierge, dont il ne connaissait pas le visage, mais dont le front s’était imprimé comme un sceau brûlant sur sa poitrine, la Vierge, qu’il avait sauvée d’une mort certaine, était maintenant le centre de ses pensées et de son existence d’âme. Elle fleurissait en lui, pareille à un lis. Elle s’élevait au-dessus de sa vie terrestre, et lui, il vivait à cette ombre bienfaisante et mystérieuse. Certes, sa conscience n’en était point troublée. Aucune préoccupation égoïste n’altérait la pureté de ce sentiment. Praxilla représentait à ses yeux un être intermédiaire entre la créature humaine et la