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les vierges de syracuse

— Mon cousin, prononçait lentement le vieux roi, ce n’est pas tout d’être un grand savant, un génie unique au monde ; il y a une chose plus belle encore et plus précieuse : c’est de servir sa patrie. Savez-vous ce que je me disais en vous voyant attirer à vous ma puissante galère aussi aisément que cet enfant (il montrait le petit Hiéronyme qui jouait sur le sable) attire à lui le cerf-volant dont le fil est enroulé à ses doigts ? Je me disais : voilà l’homme qui sera le défenseur invincible de Syracuse ; à lui seul, il pourra plus pour la sécurité de la ville que toutes les armées et que toutes les murailles.

Archimède souriait toujours. Le général Himocrate se permit de prendre la parole :

— Grand roi, serait-il question d’une nouvelle guerre ? Pour l’instant, il me semble que vos ennemis vous laissent assez en repos.

— Il faut toujours prévoir l’avenir, interrompit Hiéron. Rome d’un côté, Carthage de l’autre, n’ont jamais cessé de nous menacer, malgré une paix apparente.

Et de nouveau, s’adressant à Archimède :

— N’est-ce pas que, si vous le vouliez, vous pourriez trouver le moyen de déjouer les tactiques les plus redoutables ?

Archimède regarda l’infini des flots, l’orbe sans limite de la terre, et il dit :