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les vierges de syracuse

par derrière, comme on fait aux chevaux qui traînent des charges trop lourdes.

Mais Archimède ne l’entendait pas ; il s’était mis lui-même en mesure de préparer sa légère machine ; aidé de Gélon, il l’avait fixée sur le sable, et il en déroulait peu à peu les cordes flexibles. Quand la galère eut reçu de nouveau tout son chargement, sans qu’il y eût d’accidents d’hommes — car le bon tyran veillait à ce que ses sujets ne fussent pas accablés au delà de leurs forces — Archimède dit au roi :

— Voilà qui est bien, mais ce n’est pas assez ; commandez à ces braves gens de monter eux-mêmes sur la galère.

— Quoi ? fit le roi. Vous voulez…

— Absolument, confirma Archimède d’une voix qui montrait à quel point il était sûr de lui.

Cependant, de la foule des cris d’étonnement montaient. On avait compris qu’il s’agissait d’une nouvelle expérience du grand homme, et l’on se pressait pour n’en rien perdre, comme à un spectacle inédit.

— Attention ! disait quelqu’un. Il va trouver le moyen de remettre la galère à l’eau sans qu’elle s’enfonce.

— Non, répondait un autre mieux avisé. Ne voyez-vous pas qu’il se prépare à la tirer à lui avec des cordages ?