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les vierges de syracuse

ces hommes eussent été incapables de la faire bouger telle qu’elle était, et ils ont dû la vider entièrement avant de songer à s’y atteler.

— Eh bien, qu’ils la rechargent ! dit Archimède. Puisque je m’accorde aujourd’hui une heure de délassement, je veux au moins en régler le détail à mon gré.

Sur un signe que leur fit Himocrate, les ouvriers approchèrent. Ils portaient tous une cotte de laine uniforme dont les mailles adhéraient au corps, et sur la tête une sorte de bonnet recourbé, à peu près semblable à celui qu’avaient adopté les Phrygiens dans le temps que régnait sur eux le roi Midas aux oreilles d’âne. Et ils marchaient en ligne, d’un pas égal et assuré, leurs bras durs pliés contre leur torse noueux, et la bouche entr’ouverte par l’habitude qu’ils avaient prise de ne respirer qu’avec peine en remuant de lourds fardeaux.

Le petit Hiéronyme s’était faufilé près d’Archimède. Il se frottait les mains et ses yeux clignotaient d’allégresse.

— Quel bonheur ! on va leur en faire transporter beaucoup, beaucoup, jusqu’à ce que la galère en soit toute pleine !

Et il ajouta avec un sourire cruel :

— Peut-être qu’il y en aura qui ne pourront plus avancer. Alors on leur donnera des coups de fouet