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les vierges de syracuse

venait de sortir du palais, la foule débouchait par l’Achradine et envahissait la digue. Mais la présence de la famille royale tenait à distance toutes ces têtes curieuses, passionnées, noires comme le vin, et animées comme la vendange au fond du pressoir. On se demandait ce qui allait se passer là, pourquoi la plus grosse des galères du roi Hiéron avait été amenée au milieu du sable ; pourquoi le bon tyran attendait debout, encadré de son fils Gélon et de son gendre Andranodore ; pourquoi le petit Hiéronyme lui-même restait à peu près tranquille, à côté du général Himocrate… On se demandait surtout ce qu’Archimède venait faire sur le rivage, et c’était sur lui de préférence que les regards demeuraient fixés.

Cependant, après avoir examiné de près l’énorme coque du navire, bardée de fer, et ceinte d’une épaisse bordure de bronze, Archimède se retourna vers son cousin :

— Vous avez oublié, lui dit-il, de faire remettre dans les flancs de la galère les marchandises qu’elle contenait. Ne m’avez-vous pas dit que votre flotte avait rapporté d’Afrique un chargement considérable ?

— En effet, répondit le vieux Hiéron ; mais nous avons pensé que l’épreuve serait suffisante ainsi. Et d’ailleurs — ajouta-t-il en montrant l’équipe des ouvriers qui se reposait au loin sur le sable —