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les vierges de syracuse

— Oui, je sais, continua Fanie, une inondation s’est produite près de la fontaine Aréthuse, et tu y as été envoyé par le roi Hiéron.

— Comment as-tu appris cela ? fit Dorcas.

— C’est Gullis qui me l’a raconté tout à l’heure ; elle passait devant la porte, et comme toujours elle s’est arrêtée à bavarder avec moi.

— Oh ! cette Gullis ! exclama Dorcas ; quelle Renommée aux cent bouches ! Il n’arrive pas un événement dans la ville, sans qu’elle trouve le moyen d’en être informée et de le répéter à tout venant.

Fanie sourit d’un demi-sourire qui masquait mal son inquiétude, et elle profita de l’emportement de Dorcas pour se jeter dans ses bras.

— Cher Dorcas, ne vaudrait-il pas mieux m’informer toi-même de ce qui t’intéresse ? Tu ferais ainsi que, lorsque je serais séparée de toi, je pourrais te suivre par la pensée.

Mais Dorcas, sans lui répondre, évita de lui rendre cette étreinte. La tête de Fanie reposait maintenant sur sa poitrine, à la place même où celle de l’hiérophantide avait imprimé son ineffaçable trace ; et une douleur sourde, un malaise inexprimable, lui faisait pour la première fois trouver lourd à supporter le front charmant de l’épouse. Pourtant il vainquit cette singulière angoisse, et doucement, avec tendresse, il répondit :