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les vierges de syracuse

assez près d’elle pour l’entendre, elle n’y tint plus et lui cria de toutes ses forces :

— Dorcas ! Oh ! Dorcas, je suis là ! Je t’aime !

Alors seulement il hâta le pas un peu et leva la tête ; et Fanie, ayant vu son visage qu’éclairait la lueur fauve du soir, éprouva un redoublement de tendresse et ouvrit ses bras très grands pour y recevoir l’époux.

Côte à côte, ils entrèrent dans la maison. Le bas était occupé tout entier par une salle assez vaste, divisée en compartiments et coupée de parois mobiles. Dans l’un de ces compartiments le souper tout prêt attendait. Ils s’attablèrent l’un près de l’autre et Fanie, par pudeur, à cause de ce que lui avait dit Gullis, n’osait pas interroger Dorcas ; ce fut lui qui le premier parla :

— Tu as été inquiète, ma Fanie, petite lumière ?

— Oh ! oui, dit Fanie, bien inquiète. Je ne sais trop pourquoi, j’avais des pressentiments mauvais…

Dorcas la regarda, et leurs yeux bleus et noirs se croisèrent en une interlocution rapide. Les yeux noirs de Dorcas disaient la résolution, et les yeux bleus de Fanie l’incertitude. Dorcas reprit d’une voix serrée :

— Il m’a fallu accomplir une mission délicate et très difficile. C’est pourquoi je n’ai pu revenir plus vite auprès de toi.