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les vierges de syracuse

beau ? C’est qu’alors quelque dieu aurait éternué en votre faveur ! Sur ce, bonsoir, ma petite. Je vous souhaite une bonne nuit avec votre cher époux.

Et Gullis s’éloigna d’un pas traînant. Fanie vit sa large stature se balancer au milieu de la route. Mais elle ne l’accompagna pas longtemps du regard. Elle cherchait toujours à apercevoir Dorcas qui ne venait point ; et son inquiétude, endiguée un moment, redevenait mortelle. Elle eût voulu courir au-devant de lui, forcer l’entrée du Portique ; mais elle savait bien que cela n’était pas possible, et elle craignait aussi de mécontenter Dorcas. Il n’aimait pas qu’elle sortît seule, à la fin du jour, ni même qu’elle se joignît à ses voisines pour faire les cent pas sur la route, comme beaucoup d’autres femmes de la ville, qui se prenaient par le bras et s’en allaient ainsi, très tard, nouées toutes ensemble — telles les grappes d’un espalier — en bavardant et riant aux étoiles. Fanie n’osait pas quitter le seuil du logis et elle se tuait les yeux à guetter le retour de son bien-aimé.

Enfin il parut, grave et lent, le front baissé, et tout de suite elle comprit que quelque préoccupation secrète l’empêchait d’accourir plus vite vers elle. Mais sa joie était si grande de le savoir sain et sauf que tout le reste disparaissait devant cette joie immense dont son cœur était rempli. Quand il fut