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les vierges de syracuse

avait-il qu’il la retrouvât vivante, depuis plusieurs heures que l’accident était arrivé ? Le sang-froid, l’indifférence austère du grand-prêtre faisait bondir son cœur généreux ; peut-être aussi s’exagérait-il à lui-même le danger, et la Vierge était-elle parvenue au but de sa course avant que l’inondation se fût produite ?

Il s’engagea à l’entrée du souterrain. Les eaux y avaient établi leur niveau, et maintenant elles s’y tenaient tranquilles comme dans leur lit naturel. Dorcas calcula d’un coup d’œil qu’elles ne devaient pas s’élever à plus de trois coudées, c’est-à-dire qu’un homme de sa taille y pouvait marcher aisément sans en avoir au-dessus de la ceinture. Alors il résolut d’y pénétrer seul et de chercher lui-même, avant tout, le corps de la prêtresse.

D’abord, le froid de cette nappe liquide le glaça : l’obscurité aussi, maintenant que la porte était refermée, augmentait encore son malaise et lui faisait paraître les eaux plus glaciales encore. Mais il était brave et éprouvé. Souvent, quand il allait visiter les ouvriers qui travaillaient dans les carrières de l’Achradine ou des Épipoles, il traversait des passages d’ombre, et sa rétine s’était accoutumée à discerner les moindres objets ; il y avait acquis cette sorte de seconde vue à laquelle coopèrent tous les autres sens et par quoi il semble que l’homme, tel l’oiseau fabuleux d’Héra, ait des pru-