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les vierges de syracuse

et soldats de Syracuse, s’unissaient pour punir le traître. À coups de pierres on le poursuivait le long du rivage ; les projectiles, lancés par des mains furieuses, pleuvaient dru autour de lui ; mais tous ne l’atteignaient pas, tant il mettait de vélocité dans sa course. Il fuyait, il fuyait toujours, soulevant des spirales de sable léger. Enfin il s’abattit, le front en avant ; un silex tranchant venait de pénétrer dans sa chair, au-dessus de l’échancrure du vêtement, à l’endroit même où tout à l’heure la hache du jeune vélite avait frappé Archimède. Ainsi il semblait que les dieux se fussent chargés de venger la mort du grand vieillard. Orthon râlait sur le sable du rivage. Un soldat le saisit par le pan de son manteau, comme on saisit par l’aile un oiseau blessé, et le jeta dans la mer.

À ce moment les femmes, ayant entendu dire que les habitants auraient la vie sauve, sortaient en hâte des maisons et venaient réclamer leurs époux. Elles arrivaient tremblantes, effarées, jetant à la dérobée des regards sur les vainqueurs. On sentait qu’elles étaient prêtes à tous les sacrifices, pourvu que fussent conservés leurs foyers intacts. La première, Gullis apparut, triomphante ; elle marchait, le front haut ; et seule parmi les autres, elle semblait ne porter en elle aucune inquiétude : Orthon n’était-il pas là, dans la citadelle où était entré Appius, ou dans le Trésor à