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les vierges de syracuse

Archimède cette fois avait entendu, et doucement, sans se retourner, il demanda :

— Qu’y a-t-il ?

— Tu ne sais donc pas ce qui se passe ? La ville désormais appartient à Marcellus. C’est un soldat romain qui te parle. Allons ! Viens faire ta soumission au consul !

Le vieillard avait affreusement pâli ; mais ses yeux ne quittaient pas la table chargée d’instruments.

— Attendez au moins, dit-il, que j’aie terminé ce qui m’occupe.

Et, se penchant de nouveau, il continua à poursuivre la solution du problème ; mais ce fut dans la mort qu’il en eut la compréhension totale. La hache du soldat venait de s’abattre lourdement sur sa nuque ; et, à travers les compas et les boussoles, les sphères et les cylindres d’acier, en gerbes rouges où son génie palpitait encore, le sang d’Archimède avait jailli…

Ivre de ce sang comme d’une victoire nouvelle, le jeune vélite était sorti du palais. Dehors, les hoplites de la citadelle, mêlés aux casques empennés des légionnaires, se ruaient ensemble vers un but unique. La trahison d’Orthon avait été découverte ; on venait de voir l’orfèvre sortir subrepticement du Trésor où Marcellus avait établi sa résidence ; et les ennemis de la veille, soldats de Rome