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les vierges de syracuse

eux que l’on entendait dans les rues et sur les places, eux qui parlaient en maîtres et à qui les marchands sous les portiques versaient le vin de Byblos dans les cratères couronnés de roses. Et les cris de triomphe augmentaient ; la joie se changeait en délire ; le Barritus fut entonné et de tous côtés les soldats se ruèrent au pillage.

Ignorant de ces choses, Archimède poursuivait dans le recueillement l’étude d’un nouveau problème. Ni le son aigu des trompettes, ni le chant passionné du Barritus n’avait pu le distraire de sa méditation, pas plus que le bruit des fêtes de la Déesse, dont pendant plusieurs jours la ville avait été remplie. Et, tandis que l’ivresse de la volupté et du vin passait des lèvres des habitants de Syracuse aux lèvres avides des soldats de Rome, lui, penché sur le problème commencé, se grisait de délices immatériels. Il était seul, dans une chambre reculée du palais, et derrière lui les portes étaient ouvertes, quand le fracas d’une semelle bardée de fer offensa la mosaïque. Et petit, serré dans sa tunique rouge, l’œil allumé par la convoitise, les mains chargées de butin, un jeune vélite se campa derrière le vieillard auguste.

— Tiens, celui-là, qu’est-ce qu’il fait ? Il ne bouge pas. On dirait une statue du dieu Silence !