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les vierges de syracuse

Dinomède en effet, dès le premier éclat des trompettes, avait fait fermer toutes les portes sans s’inquiéter du reste de la ville. Au fond de sa pensée, même en cette heure de suprême angoisse, il n’avait pas dépouillé l’espoir d’une entente avec Marcellus. Ne pourrait-on abandonner aux Romains les quartiers déjà conquis et conserver indemnes ces deux portions de Syracuse, l’Achradine et Ortygie qui en avaient autrefois formé le berceau ? Certes, ce serait un beau joyau encore, une belle bague à mettre à son doigt. Mais il fallait se hâter d’entrer en pourparlers avec l’ennemi, avant que de nouvelles hostilités fussent ouvertes de ce côté. Il envoya un parlementaire au consul avec une supplique écrite de sa main.

Il était midi et la gloire du soleil inondait la ville. Marcellus, des hauteurs du temple de la Fortune, contemplait sa précieuse conquête. Il la voyait couchée à ses pieds dans une poussière lumineuse, comme saupoudrée de sable d’or. Et, telle, elle semblait osciller un peu et trembler, ainsi qu’une nef immense bercée par des vagues invisibles. Ses palais aux frontispices éclatants, la magnificence de ses architectures, la splendeur de ses statues innombrables, tout cela allait être à lui ; mais tout cela aussi lui rappelait l’antique gloire de cette cité unique au monde. Et des larmes de joie et de douleur coulaient de ses yeux, lorsque l’envoyé de