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pour cela même peut-être qu’il le désirait d’une telle ardeur ? Et tout à coup un grand chagrin, une désolation infinie arracha une plainte à sa bouche. Praxilla l’entendit, et, du fond de l’extase où elle était plongée :

— Pourquoi soupirer, Dorcas ? Ne sommes-nous pas heureux l’un près de l’autre, dans la quiétude de cette nuit admirable ?

— Hélas ! murmura Dorcas, pour que je fusse complètement heureux, il me faudrait autre chose encore.

Un sourire passa sur les lèvres invisibles de la prêtresse.

— Il est donc vrai, dit-elle, que l’homme n’est jamais satisfait de la part de bonheur que les dieux lui accordent ? Moi, cher Dorcas, je goûte la plénitude de la félicité.

Il se pencha sur elle ; son souffle ardent la brûlait aux paupières ; il reprit d’une voix fiévreuse :

— Une seule chose ! Une seule chose, Praxilla ! Que votre main relève ce voile qui me cache votre visage ! Songez au supplice que j’endure de ne pouvoir contempler vos traits si chers ! Il n’est pas, je pense, à cette heure, d’homme plus malheureux que moi, ni plus près de la suprême félicité. Quel scrupule pourrait vous retenir ? N’ai-je pas déjà par deux fois, et sans avoir cherché à commettre le sacrilège, connu la beauté de votre face ? Deux