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les vierges de syracuse

Dorcas, cher Dorcas, restons ainsi sans parler pendant un instant…

Quel ravissement emplissait l’âme de Dorcas ! La très pure hiérophantide avait renversé son corps flexible sur le bras amoureux qui l’entourait ; il pouvait, rien qu’en renfermant ce bras sur elle, la ramener tout entière contre sa poitrine, l’étreindre comme l’époux étreint l’épouse, depuis les sourcils jusqu’aux genoux, sans que même l’épaisseur d’un souffle les sépare. Mais il ne bougeait pas cependant, et la tentation charnelle n’entrait pas en lui. Un seul désir, immense, impérieux, commandait à ses sens, et les tenait éloignés de toute autre envie : revoir le visage de Praxilla, le revoir non plus de loin, subrepticement et à l’insu de la prêtresse, mais les yeux dans les yeux, face à face, dans un échange de regards consenti. Oh ! oui, revoir l’éclat palpitant de ses prunelles, le sourire empourpré de sa bouche, les lys apâlis de ses joues ; posséder ce pur visage, y plonger jusqu’aux racines même de l’être, tandis qu’elle tenait renversé son corps flexible sur le bras amoureux qui l’entourait…

Mais comment exprimer un aussi fol désir ? N’était-ce pas trop déjà de tout ce qu’il avait obtenu ? Quelque chose de subtil dans sa pensée avertissait Dorcas que c’était cela même que Praxilla refuserait avec le plus d’énergie ; et n’était-ce pas