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les vierges de syracuse

claire, sous le ciel glorieux, avant que le Portique d’Aréthuse se referme sur vos blanches épaules ? Praxilla, donnez-moi votre main. Pensez-vous vraiment qu’il soit mal de nous retrouver ainsi dans le recueillement de la nature ?

— Vous oubliez, dit Praxilla doucement, que le cercle qui étreint mon front est l’emblème de ma fonction sacrée. Bien-aimé Dorcas, ô très cher ami de mon âme, laissez l’hiérophantide accomplir jusqu’au bout sa destinée.

— Demain, demain, fit Dorcas ; demain, vous reprendrez votre vie austère : pour cette nuit ne soyez qu’une simple femme sur mon cœur. Je ne vous demande rien que de sentir votre front comme un sceau brûlant s’appuyer contre ma poitrine. Souvenez-vous, ô Praxilla, de cette heure ineffaçable, presque fatale, où les dieux vous ont livrée inerte et sans défense aux bras de l’homme qui vous implore aujourd’hui.

Praxilla s’était dressée devant Dorcas. Elle tordit ses mains dans l’éther pâle, et un long cri de désespoir, toute la douleur de son amour encore vivant, monta de ses flancs jusqu’à sa bouche.

— Je t’aime ! Je t’aime ! Je t’aime !

— Moi aussi, je t’aime, ô toi qui m’as inspiré la plus invincible des passions ! Que mes lèvres te le répètent mille fois, avant qu’un seul de tes baisers