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les vierges de syracuse

Déesses, où les Vierges étaient demeurées en prières.

— Vite, vite, dit-elle à Damalis, courons pour arriver les premières. Dans un instant toute la foule va être là.

Et en effet de tous côtés, brusquement, mus par un même élan de curiosité ou de ferveur, les convives quittaient les tables et se dirigeaient vers la plaine. Il était interdit de regarder le Calathos d’un lieu élevé d’où l’on eût pu apercevoir ce qu’il contenait ; et sur son passage chacun devait se tenir prosterné, le front dans la poussière du chemin. Mais bien plus encore que l’emblème mystique, c’était le défilé des Vierges qui intéressait et passionnait la multitude. On savait qu’elles rentreraient ensuite dans Ortygie sous le Portique d’Aréthuse, et que nul ne pourrait les revoir jusqu’au jour de l’Épiphanie de la Déesse.

La musique suave et douce, faite seulement de l’âme chantante des syringes que de jeunes enfants pressaient sur leurs lèvres entr’ouvertes, précédait le char traîné de quatre mules, où trônait le ciste mystique. C’était une corbeille en forme de boisseau qui primitivement était d’osier, mais que le luxe des temps avait transformée en un admirable ouvrage d’orfèvrerie. De nombreuses figures y étaient sculptées, et Zeus tempétueux y faisait face à Poséïdon, conduisant à travers l’écume des flots son