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nir ainsi des chefs-d’œuvre. Les unes s’appliquaient à imiter la forme des petits rossignols roux qui au sortir du nid volètent imprudemment sous les feuillages ; d’autres, les phalènes aux cornes allongées, rôdant le soir autour des calices endormis ; d’autres, de légers Éros aux ailes ouvertes, aussi hardis que les oiseaux et aussi capricieux que les papillons. Et les rires éclataient, les regards à la lueur des réchauds devenaient plus brillants. Une jeune fille, la flûte aux lèvres, dansa, son chiton retenu seulement sous les aisselles par un étroit ruban d’azur.

À la table où se trouvait Théophraste, Fanie, Damalis et Rhodoclée toutes trois étaient venues s’asseoir. Elles avaient les paupières meurtries par le jeûne, et leur épiderme délicat laissait transparaître le sang bleu de leurs veines. Et elles souriaient doucement en se regardant, retrouvant au fond de leurs yeux les mystères inviolables de la Déesse. Pourtant Rhodoclée souriait aussi à Théophraste, tandis que la blanche Jacinthe demandait tout bas à Fanie : « Et Dorcas ? ne paraîtra-t-il pas au festin ? — Hélas ! soupirait Fanie, il ne quitte plus jamais son poste du Fort Euryale ; il ne viendra même pas pour la procession du Calathos ; mais, aussitôt la corbeille sainte enfermée, c’est moi qui courrai le rejoindre. »

Cette perspective avait amené du rose à ses joues ;