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les vierges de syracuse

cuve ; il y en avait où l’on se contentait de faire couler dans les coupes grossières l’obscur cycéon fait d’orge fermentée et de miel. Mais la même gaieté dilatait les cœurs, le même décor de beauté ravissait les yeux : à travers les feuillages, dans la sérénité de l’horizon, les choses peu à peu endormies, et le ciel paisible bercé dans son sommeil par la mer aux bruits innombrables. Puis c’était aussi l’enchantement de la présence des femmes revenues enfin du verger sacré. Elles avaient jeûné plusieurs jours de suite, mais l’abstention des hommes, pour s’être exercée d’une autre façon, n’était pas moins méritoire. Et, avec les tuniques claires des femmes, la joie revenait aux prunelles ardentes des hommes. Néanmoins, avant la procession du Calathos toute caresse était défendue ; tout à l’heure seulement, quand les Vierges auraient déposé dans l’Olympeium sous la garde de Zeus l’emblème des présents féconds de la Déesse, la vie normale reprendrait à Syracuse, et les bocages retentiraient des festins d’amour.

Pour le moment c’était le banquet des vins et des viandes qui réjouissait les couples assemblés. Des jeunes filles, debout, penchées sur des réchauds allumés, s’amusaient à fabriquer de délectables friandises, en jetant dans l’huile bouillante des fleurs de toute sorte mêlées à de la farine blanche. Et c’était à qui rivaliserait d’art et de talent pour obte-