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les vierges de syracuse

pierres, de jauger la profondeur des fossés qui s’étendaient le long des Épipoles, depuis le Fort Euryale jusqu’à l’Hexapyle, dans toute cette zone de défense dont la tour Galeagra marquait le milieu. « Orthon ne m’avait pas trompé, se dit le consul, et le plan qu’il a relevé est exact. Il y a ici une lacune, presque insensible il est vrai, mais une lacune, dans les fortifications de la ville. Avec un millier d’hommes hardis on pourrait aisément y faire une brèche. Mais pour cela il faudrait que les abords ne fussent pas surveillés… »

Orthon entrait à cet instant ; sa figure jaune et figée ne laissait rien voir de l’émotion qui l’agitait. Il s’inclina devant le consul et attendit. Marcellus se taisait ; une grande pâleur avait envahi son visage ; un cercle de bistre avait soudain enfermé ses yeux ; et dans sa poitrine, sous sa cuirasse d’airain, son cœur battait comme celui d’un nouvel époux. Il évita de regarder Orthon et dit à voix basse :

— Quelle nuit sera-ce ?

— Celle qui suivra la prochaine, répondit Orthon. Ils seront tous du côté de Cyané, à voir la procession du Calathos et à banqueter ensuite sous les ombrages. Par ici, j’en réponds, la ville sera déserte.

Marcellus, les paupières baissées, demanda encore :