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les vierges de syracuse

envoyés à Syracuse en témoignage d’amitié, parce qu’il était d’usage de Doriens à Doriens de s’entr’aider dans les circonstances difficiles où l’honneur de la race était en jeu. N’était-ce pas déjà un Spartiate, ce Gilyppe, qui, au moment de la terrible expédition de Nicias, avait déjoué toutes les combinaisons des Athéniens ? Que de reconnaissance Syracuse ne devait-elle pas à Lacédémone ? Ces deux sœurs, dont l’une était restée austère dans son peplos droit et dont l’autre avait fleuri sa chlamyde d’asphodèles et de roses légères, n’avaient jamais cessé de lutter ensemble contre Athènes, contre Rome, contre Carthage. Aujourd’hui, c’était encore un fils de Lacédémone, un de ces Spartiates à l’âme stoïque, au cœur généreux, grâce à qui Syracuse avait pu soutenir si longtemps les rigueurs du blocus. Et l’on ne ferait aucun cas de lui ? On l’abandonnerait aux mains des Romains, l’otage précieux, le petit pêcheur qui si souvent avait risqué sa vie, sans vouloir d’autre récompense que la joie intime de se sentir un héros ?

Dorcas s’était entendu avec Dinomède, et tous deux avaient décidé de réclamer Damippus ; à cette condition seulement on pourrait s’occuper ensuite de répondre aux ouvertures pacifiques des deux consuls. Mais Marcellus ne semblait plus pressé maintenant de conclure l’accord. Il faisait traîner les choses en longueur. À plusieurs reprises il