Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/364

Cette page a été validée par deux contributeurs.
332
les vierges de syracuse

maître jaloux, et que nul après lui ne devra toucher !

Et Marcellus, fébrilement attendait… Il avait donné ordre aux soldats qui formaient le blocus de laisser passer les messagers de Syracuse. Il voulait parlementer lui-même et ne point laisser son collègue Appius traiter seul de cette affaire. Mais personne ne venait ; la ville en fête semblait oublier que les Romains étaient à ses portes, et que la peste déjà établie à Acyles menaçait de l’envahir. — Et la famine ? Ne semblait-il pas qu’elle eût dû avoir raison des provisions immenses amassées dans les greniers ? Malgré tant de destins contraires, plus belle, plus radieuse que jamais, apparaissait la cité inviolée aux regards amoureux de Marcellus. Et certes, après avoir en maintes reprises hasardé son sang pour la posséder, il se sentait à cet instant prêt à consentir toutes les folies, à accepter toutes les compromissions pourvu qu’il pût atteindre son but.

Il s’arrêta, mit sa main en auvent sur son front dans le soleil. La ligne des mercenaires venait de s’ouvrir et un Syracusain s’avançait devant lui.

— Je m’appelle Orthon, dit l’homme chétif et jaune.

Marcellus, devenu défiant, l’examinait :

— Votre nom importe peu. Est-ce Dinomède ou Dorcas qui vous envoie ?