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les vierges de syracuse

nimbé de feuillages et les mains nouées aux grappes gonflées de vie. Il la voyait associée au réveil de la nature, et comme sortie elle-même du tombeau ; claire et harmonieuse dans la paix de ce crépuscule d’or, elle était à ses yeux, non plus seulement l’hiérophantide sacrée, mais la vierge humaine et frémissante dont le cœur près du sien s’était ouvert à l’amour. Et il croyait sentir, comme dans le passage envahi par les eaux glacées, ce jeune front se réchauffer contre sa poitrine ; il croyait tenir dans ses bras ce jeune corps dérobé aux étreintes de la mort perfide. Oh ! Praxilla, Praxilla ! vierge et femme tout ensemble, divine et humaine, troublante et pure, Praxilla, fleur poussée au verger sacré et de qui la vue seule et le parfum suffisaient pour répandre à torrents le bonheur !…

Mais la Vierge s’éloignait déjà vers le portique, les mains chargées de longues grappes cueillies à l’arbre nouveau. Et Dorcas, pour regagner la ville, sauta par dessus l’épineuse haie qui défendait l’étroit sentier des deux temples.