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les vierges de syracuse

Il avançait ainsi, conversant avec son tourment intime, heureux cependant de il ne savait quoi, et soulevé sur les ailes ondoyantes de l’amour. Le sentier, plus rapide en cet endroit, dévalait directement vers la plaine, toujours enfermé entre sa double haie d’agaves. Sans y prendre garde, Dorcas se trouva soudain à quelques mètres du temple des Deux-Déesses. Il apercevait la façade postérieure de l’édifice autour de laquelle courait un portique décoré de colonnes légères. À l’angle de ce portique et bouchant presque le chemin, un massif de caroubiers s’élevait, abondamment chargé de grappes flexibles. Et, cette fois, ce ne fut pas un rêve de son esprit, ni une hallucination créée par son désir : Dorcas vit Praxilla debout sous le feuillage luisant d’un caroubier. Elle était là, tout près de lui, le visage traversé de douce lumière, ses voiles blancs flottant autour de son corps. Pour la rejoindre, il n’avait qu’à faire un pas, et, pour être entendu d’elle, qu’une seule parole à prononcer. Pourtant il ne bougeait pas, retenant son souffle, évitant de se laisser deviner. Il lui semblait que rien au monde ne vaudrait pour lui l’extase de cette muette contemplation. Il la voyait enfin, comme il l’avait souhaité si ardemment, non plus dans la froide clarté de l’hypogée, entre des sépulcres, mais dans la rayonnante lumière du printemps, au sein même de la terre en fête, le front