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les vierges de syracuse

Malgré cet appareil redoutable, les fidèles se pressaient en confiance devant la cella, et leurs voix se mêlaient à celle de l’Éponyme pour réciter l’oraison :

« Père Zeus, qui résides dans le ciel, et qui agites le Cosmos enflammé brûlant de la splendeur éclatante de l’éther ; toi qui ébranles de tes tonnerres divins les montagnes hautes et sonores et toute la demeure des bienheureux, qui marches dans les nuages et qui soulèves les flots de la mer. Ô Zeus très vénérable, porte-sceptre incorruptible, générateur universel, nous t’offrons nos expiations et nos prières. Reçois-les favorablement, donne à nos corps la nourriture nécessaire, accorde des dons heureux à nos esprits et fais descendre sur nos fronts quelques parcelles de ton irréprochable gloire. »

Et Zeus-pater souriait encore parmi les vapeurs rouges du styrax, qui dans d’immenses cratères d’airain brûlaient lentement à ses pieds. L’oraison achevée, l’Éponyme recommençait d’autres prières. Derrière lui le peuple se renouvelait sans cesse, allait et venait, se prosternait, adorait, et redescendait les trois marches du péristyle. Rares étaient ceux qui demeuraient tout le jour abîmés dans leur recueillement ; plus rares ceux dont le cœur endurci ne recevait pas en une minute rapide le choc mystérieux de la présence divine…