Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.
320
les vierges de syracuse

silencieuses, Archimède en avait souri de pitié.

Donc plus que jamais la confiance berçait les âmes : on ne songeait qu’à la célébration heureuse des panégyries. Le même élan de religiosité mystique, le même besoin de fêter la divinité dans le cadre de la nature, entraînait les femmes vers l’étang bleu de Cyané, tandis que les hommes — n’était-ce pas un peu pour les suivre ? — se rendaient en masse au grand Olympeium de Zeus, situé hors des portes et dominant la plaine.

C’était le plus grand temple de la région, de même que Zeus était le plus grand des dieux. C’était là que l’Éponyme priait chaque jour pour le peuple, et que les guerriers vainqueurs venaient suspendre le faisceau de leurs armes. Il était bâti sur une colline basse, à peu de distance de l’endroit ombreux et frais où les eaux de Cyané, glissant sous les papyrus, rejoignaient celles de l’Anapos. Plus près encore était le tombeau de Gélon I, qui avait construit l’édifice, et de sa femme Damareta au cœur généreux ; ils reposaient tous les deux sous une stèle de marbre veiné de jaspe que le printemps avait tapissée de fleurettes multicolores ; et tout autour, jusque sur les degrés accédant au grand Olympeium, ces mêmes fleurs croissaient en une abondance qui tenait du prodige, se mêlaient aux pierres, à l’herbe, aux arbustes. Zeus Pater, de son trône d’or, à travers les colonnes espacées du