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les vierges de syracuse

Orthon ne répondit pas ; ayant regagné sa boutique, il prit son burin. Mais il travaillait d’une main distraite, et sa pensée suivait la piste que Gullis lui avait ouverte. Puis peu à peu l’activité revint à ses doigts, en même temps qu’un sourire vague déplissait ses lèvres.

— Hier pour Syracuse, murmura-t-il, aujourd’hui pour Carthage, demain pour Rome. Qu’importe ? La figure qui orne cette coupe n’en sera pas moins belle.

Et il continua sa besogne, tandis qu’autour de lui flambait dans une symphonie d’or et de bronze la précieuse fierté des têtes de femme, la sveltesse des nymphes couronnées de roseaux, et tant de chefs-d’œuvre d’un art raffiné et exquis dont, seul, un fils de la Grèce pouvait avoir le secret.