ses membres grêles et pâlissait la teinte jaune répandue habituellement sur ses joues. Il réveilla Gullis qui dormait encore, bouche bée, les bras hors des coussins.
— Épicyde part ! hurla-t-il.
— Eh bien ? Bon voyage ! fit la grosse femme sans ouvrir les yeux.
Cette indifférence porta jusqu’à son comble le courroux déjà à demi déchaîné d’Orthon. Il saisit Gullis par le bras et la secoua vertement à plusieurs reprises.
— Comment ! Tu oses dire cela ? Empuse, ânesse, tête de truie !…
— Hé ! Là ! Pas si fort ! gémit Gullis. Qu’Épicyde parte, est-ce une raison pour me briser les poignets ?
— Tu ne comprends pas, expliqua Orthon en s’essuyant les tempes, que le départ d’Épicyde après celui d’Himocrate, c’est le triomphe assuré de Dorcas et d’Archimède ; que tout l’honneur de la défense sera pour eux le jour prochain où les Romains reparaîtront ? Sans compter — murmura-t-il entre ses dents — que perdant ma vengeance, je perds en même temps tout ce qui m’avait été promis, tout ce qui m’est dû.
— Eh bien ! dit Gullis, — elle s’était levée et passait maintenant sa tunique, — il te reste encore Marcellus. Que ne retournes-tu de son côté ?