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les vierges de syracuse

— Il le faut cependant, répliqua Épicyde d’une voix étranglée.

Et il ajouta, reprenant pour lui-même le monologue qu’Orthon avait interrompu :

— Quand Marcellus se sera rapproché, mon départ deviendra plus impossible encore. C’est tout de suite que je dois fuir, avant que les hostilités soient reprises.

Il réfléchit quelques instants, la tête basse, les épaules tourmentées d’inquiétude ; aucun des projets qui se présentaient à son esprit ne lui paraissait réalisable ; et il continuait à méditer au dedans de lui-même, sans s’inquiéter d’Orthon, son bras droit, son allié obscur.

— Je sais ! je sais ! cria-t-il enfin.

Et, de sa voix rauque qui avait retrouvé le ton du commandement, il appela :

— Damippus !

Le petit Lacédémonien, toujours appuyé contre la rampe du belvédère, n’avait pas cessé de regarder l’horizon. Maintenant le jour s’était levé, et la gloire du soleil éclairait toutes choses. Et tout s’éveillait dans les rues de la ville, sur les vagues de la mer, aux sillons des champs. Le grand silence avait fait place à un bourdonnement universel et confus, où ronflait le rythme de la lumière et de la vie. Des formes claires se mouvaient sous l’abri des arbres ; des oiseaux luisants traversaient l’espace ;