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les vierges de syracuse

surchargés de trophées n’auraient plus servi qu’à évoquer devant les dieux le souvenir d’une race disparue. Et la mer aussi était vide, immobile, sans qu’on aperçût au ras des flots le corps des dauphins ruisselants d’écume ou l’aile argentée des cérylos. Et dans la campagne rien ne bougeait, pas même le cerf matinal.

— Je fais mes adieux à tout cela, dit Épicyde en étendant la main.

Cette fois, Orthon était devenu blême :

— Comment ? Vous songeriez à partir ? Mais alors que deviendraient ceux qui se sont compromis pour votre cause ?

— Ils subiront ma fortune bonne ou mauvaise. En tout cas la seule chance qui me reste est d’aller rejoindre mon frère et d’essayer de le seconder dans ses desseins. Que ferais-je ici plus longtemps ? Pour que le parti carthaginois se raffermît de nouveau dans Syracuse, il importerait d’abord qu’il eût triomphé des Romains. Et si je reste et que Marcellus s’empare de la citadelle, que dira-t-on ? Ne m’accusera-t-on pas d’avoir trahi les intérêts que j’étais chargé de défendre ? Non, non, je ne puis rester ; il me faut aller rejoindre Himocrate.

— Vous oubliez, dit Orthon, que la ville est cernée de tous côtés à trente stades des remparts. Personne ne peut forcer la ligne du blocus, et vous moins que tout autre.