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les vierges de syracuse

ordinairement obscur et sans passion, s’était animé soudain du courroux allumé dans son âme, comme l’argile terne et poreuse d’une lampe s’éclaire aussitôt que brûle l’huile contenue en ses flancs.

— Voilà la fin de tout ! Que d’efforts perdus !… c’est la fin !… L’armée que mon frère avait réunie était la seule barrière qui pût empêcher Marcellus de tenter un retour offensif sur la ville. Que faire maintenant. Et comment désormais nous rejoindre ? En admettant qu’Archimède parvienne encore à tenir en échec les légions romaines, pour nous la partie est perdue d’avance.

Il disait cela, non point en s’adressant à Damippus auquel il ne prenait plus garde, mais dans un monologue incertain et irrité dont il scandait chaque phrase de sa marche fiévreuse à travers l’étroite rotonde qui dominait la tour. Et, s’étant tu, il continuait d’aller et de venir encore, se heurtant aux parois comme une bête fauve qui ayant vu le dompteur s’éloigner de sa cage perd tout espoir de reconquérir sa liberté.

— Que ne suis-je resté en Afrique ! rugit-il.

Mais la porte s’entrouvrit et Orthon se faufila entre lui et Damippus. Il venait avant tous les autres se pourvoir discrètement de nouvelles, et prendre les ordres secrets d’Épicyde. Tout d’abord il feignit de ne pas comprendre la portée de la défaite d’Himocrate ; il se contenta de dire en sourdine :