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les vierges de syracuse

temps de se refroidir il était allé surprendre le camp des Carthaginois à Acyles. Himocrate réveillé dans la quiétude de son sommeil s’était mis en hâte à la tête de son armée et l’avait jetée au travers des rangs ennemis. Il comptait sur le vertige d’un de ces engagements spontanés où ses hommes restaient presque toujours vainqueurs. Mais cette fois les Romains avaient été armés de lances très longues qui déjouaient la hardiesse des Carthaginois, dont les épées courtes dépassaient à peine le poing fermé. Voyant cela, le général africain avait fait donner les éléphants. Pesantes et lourdes et cuirassées comme des guerriers, les bêtes énormes s’étaient avancées sur l’infanterie de Marcellus. D’abord ç’avait été un désarroi terrible, et la fortune paraissait vouloir changer de camp, lorsqu’un jeune hastaire s’était élancé et, saisissant une enseigne, en avait enfoncé la hampe dans le corps d’un des éléphants, le forçant ainsi à retourner en arrière. Alors toute la masse des pachydermes s’était trouvée resserrée et culbutée, tandis que Marcellus, sans perdre de temps, l’enveloppait en entier avec les deux ailes mobiles de sa cavalerie. Bref, c’était pour Himocrate un désastre presque irréparable, et pour les armes romaines la revanche si longtemps attendue de la défaite de Cannes…

Pendant ce récit du jeune Lacédémonien, Épicyde avait été saisi d’une agitation extrême ; son visage,