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tirer. Quant à Gullis, elle n’est pas femme à laisser un honnête homme dans l’embarras.

Elle avait rougi et regardait le jeune Celtibérien d’un air engageant. Et de nouveau sa voix grasse rompit le silence :

— On mangera des anguilles, s’il n’y a pas mieux. Grâce à la douceur des eaux, elles ne sont pas rares dans le fleuve ; et je sais un endroit où il y en a bien davantage encore.

— Où cela donc ? fit le jeune Celtibérien alléché.

— Dans les marais de Lysimalia et de Syraco, tout près d’ici. On n’a qu’à se baisser pour les ramasser. Et grosses comme ma cuisse ! Voulez-vous que je vous y mène ?

— Vous oubliez qu’on ne passe pas, la mère ! fit Damippus rendu subitement au sentiment de son devoir.

Cependant Gullis, voyant qu’il n’y avait décidément rien à faire pour elle dans ces parages, avait repris la direction de la ville. Les soldats la regardèrent s’éloigner énorme et ronde, pleine de convoitise et de luxure, et roulant au milieu du chemin comme une outre de vendange au son des musiques.

— Nous l’avons échappé belle, dirent-ils, mais gare ce soir au fidèle époux !

Ils rirent encore et échangèrent quelques plaisanteries grossières. Mais bientôt la poésie éparse dans