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les vierges de syracuse

je reviens du verger sacré où ne sont admises avec les prêtresses que les épouses irréprochables.

— Bon ! bon ! On connaît ce qu’il en retourne. La vertu d’une femme, c’est de n’avoir jamais tort envers son mari, ouvertement s’entend. Sans cela, au lieu de voir des centaines et des centaines de tuniques aux Anthesphories on en verrait tout au plus une douzaine.

— Les hommes disent cela par dépit, riposta Gullis, parce qu’ils sont tenus à l’écart des fêtes. Mais patience ! leur tour viendra : après les Anthesphories, les Thesmophories ; après les Thesmophories, les Thalysies pour lesquelles on dressera en plein air les tables des banquets. Et ce jour-là, Orthon, mon fidèle époux, viendra faire bombance aux côtés de son épouse.

Tous les petits soldats, d’une rive et de l’autre de l’Anapos, se prirent à rire, tant les sentiments conjugaux de Gullis leur semblaient d’une trempe douteuse.

— Dites donc, vous, la Syracusaine, fit le Celtibérien qui avait répondu le premier à Damippus, faire bombance c’est facile à dire ; mais comment vous y prendrez-vous ? Les greniers de la ville doivent être vides depuis le temps qu’on y puise pour nourrir les habitants ?

— Je n’en sais rien, répondit Gullis. Mais soyez tranquille, on trouvera toujours le moyen de s’en