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les vierges de syracuse

mauvais. Pourtant ici on se sent devenir meilleur.

Ayant ainsi parlé, Damippus, le petit pêcheur Lacédémonien, jeta de nouveau dans le fleuve sa ligne garnie de quatre rangs de cordelettes flexibles.

De l’autre côté de l’eau, la voix du mercenaire s’éleva :

— On dit en effet qu’Himocrate a fait venir d’Afrique, et jusque des colonnes d’Hercule, une armée considérable et des éléphants en quantité. Toutes ces forces ont été réunies au camp d’Acyles. Mais Marcellus, je crois, ne songe guère à aller se mesurer avec lui. Il est trop occupé en ce moment à prendre Catane.

— Grand bien lui fasse ! dit Damippus. Ne devrait-il pas souhaiter plutôt qu’il y eût plusieurs Siciles entre Rome et la grande terre des barbares ?

Il se tut, car des voix fraîches et doucement liées ensemble venaient de traverser les haies de papyrus ; et, sur la route, dans la poudre blonde du soleil, apparut une théorie de jeunes filles. Elles étaient vêtues de tuniques d’un bleu d’azur, et la chair de leurs bras nus étincelait comme un beau marbre au grain serré et dur. Et ce qu’elles chantaient c’était toujours ces parthénies naïves dont en toute saison se berçaient leurs rêves d’amour :

« Dites-moi, quel est-il celui qui dénouera ma chevelure ? Pour savoir son nom, j’ai interrogé les roseaux. Dites-moi, quel est-il celui qui baisera