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les vierges de syracuse

aisselles. Mais toutes, des fleurs dans la chevelure et des branches de myrte aux mains, évoquaient l’idée du printemps glorieux que célébraient ces Anthesphories. Toutes évoquaient l’idée du printemps glorieux et du plus glorieux amour… Praxilla baissa les paupières. Trop de choses lui parlaient en cet instant de joies qu’elle ne devait jamais connaître, et sa pensée, malgré elle, allait vers Dorcas, vers l’ami qu’elle avait sacrifié héroïquement aux scrupules naissants de sa conscience. Dorcas ! Que n’eût-elle pas donné pour avoir de lui à cette minute un souvenir, un signe, moins que cela même, une part de l’air qu’il avait respiré, un objet sur lequel ses prunelles ardentes se fussent posées !…

Tout à coup l’hiérophantide se sentit rougir ; elle venait d’apercevoir à quelques pas devant elle la blonde Fanie qui s’avançait avec Damalis. Les deux jeunes femmes semblaient pénétrées d’un ravissement égal ; mais, tandis que Damalis se penchait pieusement vers la source, les yeux curieux de Fanie restaient ardemment fixés sur Praxilla. Et l’une et l’autre se reconnurent, du jour où sous le Portique d’Aréthuse la petite épouse était venue confier son inquiétude à l’hiérophantide. Et cette fois encore l’image de Dorcas flotta entre elles, les enveloppa dans la même atmosphère d’émotions intimes. Des paroles montaient aux lèvres de Praxilla, qu’elle cherchait cependant à conte-