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montraient les coquillages nacrés de leurs dents ; et Glaucé, la plus petite, cherchait à saisir au travers de ce miroir mobile les regards familiers de ses compagnes. Seule, Praxilla gardait sa beauté impénétrable et fermée comme un précieux vase.

L’hiérophantide trempa le bout de ses doigts dans la source et, s’en étant mouillé le front, elle invoqua Cyané, sa sœur bienheureuse : « Sont-ce tes yeux de bleuet, ô nymphe, qu’enferme dans ses plis l’onde fugitive, ou bien est-ce l’azur du ciel ? Sont-ce tes soupirs ou le souffle divin de Perséphonéia, qui cueillait avec toi des narcisses sur ce rivage quand Plouton la ravit à la lumière, qui font frémir encore chaque matin ta gorge soulevée sous les roseaux ? Cyané, la plus virginale des vierges, sois avec nous pour fêter l’aimable Déesse ; que ton baptême sur nos fronts les purifie de toute invisible souillure, nous rende semblables à toi. »

Tour à tour, chacune des prêtresses avait accompli l’ablution rituelle ; maintenant c’était aux femmes de venir se purifier à la source sainte. Elles s’approchaient deux à deux, quelques-unes timidement, les autres avec de grands élans de ferveur. Praxilla les regardait défiler devant elle, vêtues pour la plupart d’un simple chiton d’étoffe claire qui laissait s’épanouir librement dans l’air tiède la chair dorée de leurs épaules ; les plus âgées portaient une mince écharpe croisée par-dessous les