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les vierges de syracuse

bord de la coupe bleue qu’avaient emplie les pleurs de la nymphe. C’était un lieu de silence et d’ombre protégé par une ceinture épaisse de souchets. Là on oubliait toute la nature et le printemps même, tant on y éprouvait la sensation que les beaux jours y devaient être sans fin. Là, les jeunes épouses conversaient avec les Dryades et les vierges étaient les amies des Muses. Nulle part ailleurs, on ne respirait de tels effluves, nulle part les lèvres humides des fleurs ne s’entr’ouvraient avec plus de délices pour boire la rosée…

Praxilla la première avait enlevé son bandeau et rejeté en arrière son voile ; et derrière elle la multitude pressée des femmes se penchait pour apercevoir son visage au reflet de l’onde, comme dans un pur miroir. Et ce visage admirable apparut bientôt resplendissant parmi ceux des autres Vierges qui, elles aussi, une à une, s’étaient dévoilées. Et elles formaient autour de l’étang bleu comme une ronde fluide de naïades dont les corps restaient emprisonnés au cristal des eaux, et dont, seule, la face nue émergeait parmi les ombelles des papyrus et les traînes des nénuphars ; leurs cheveux étaient des lianes souples et leurs prunelles de mystérieux calices ; la blancheur de leur peau faisait des taches lumineuses parmi l’ombre allongée des souchets. Et les jeunes prêtresses souriaient de se voir ainsi pareilles à des divinités de l’onde ; Naïs et Meltine